- Auteur : Friedrich Nietzsche
- Editeur : Flammarion
- Collection : Philosophie
- Langue : Français
- Poche: 215 pages
- Année : 1993
- ISBN-10: 2080707531
- ISBN-13: 978-2080707536
- Présentation : Il est peu question du Christ dans cet ouvrage tardif (écrit en 1888, quelques mois avant que Nietzsche ne sombre dans la folie, il ne sera publié qu'en 1895), mais beaucoup du christianisme. Illusion, fiction, Idéal négatif parce que nourri de la faiblesse et du ressentiment, le christianisme désigne, pour Nietzsche, le pouvoir du mensonge. Il escamote la réalité et c'est pourquoi il ne faut pas seulement le réfuter ; il faut aussi le combattre. D'où une nécessaire violence à l'encontre des " malades " : Ce qui est chrétien, c'est la haine contre l'esprit ; contre la fierté, le courage, la liberté, le libertinage de l'esprit ; ce qui est chrétien, c'est la haine contre les sens, contre les joies des sens, contre la joie tout court. " Livre injuste et méchant donc, qui veut être un hymne à la belle humeur, à l'innocence et à la grâce, au bonheur et à la plénitude ; livre d'équivoques aussi, écrit par celui qui signera plus tard " le Crucifié "...
- Mon avis : Formidable essai d'une grande puissance intellectuelle, et moderne ! L'Antéchrist est une sorte de "Révélation" permettant de se désaveugler. Nietzsche ne condamne pas le Christ, au contraire, il nous le montre sous un angle nouveau et nous donne une nouvelle compréhension de son message, de sa "bonne nouvelle", loin de ce que l'Eglise en a fait, à savoir une "mauvaise nouvelle", entreprise par l'apôtre Paul, dont Nietzsche dit : "En Paul s'incarne le type antithétique de l'annonciateur de la bonne nouvelle, le génie dans la haine, dans l'hallucination de la haine, dans l'implacable logique de la haine. Qu'est-ce donc que ce dysangéliste n'a pas sacrifié à la haine ! Pour commencer, le Sauveur : il l'a cloué sur SA propre Croix. La vie, l'exemple, la doctrine, la mort, le sens et la raison de tout l'Evangile - rien ne subsista plus, quand ce faussaire comprit, dans sa haine, ce qui seul pouvait lui servir (...)" Condamnation de la prêtrise et de son esprit dominateur, de l'Eglise, du Christianisme, l'antithèse de la vie - trouver l'extase dans la souffrance, refuser la joie terrestre, attendre la récomprense céleste promise aux faibles et aux opprimés, refouler sa nature et corrompre son esprit pour la recevoir - et de tout ce qu'il a engendré comme malheurs sous le couvert de la Vertu, de la Vérité, et au nom de sa Sainteté. Nietzsche le démantèle. Il décortique la foi, la morale, le péché, le pardon, en éclairant le mieux possible l'esprit du lecteur, tâchant de l'élever, de le libérer même ! Comme Nietzsche, je dirai que le seul chrétien qui ait jamais existé est mort sur la Croix. "L'Evangile", pour le citer, "est mort sur la Croix".
On peut ne pas aimer le mépris avec lequel il règle son compte au Christianisme, mais on ne peut pas nier la logique du raisonnement, la lucidité des propos, lisibles et compréhensibles, peut-être, uniquement hors du cadre de la foi.